« Quelle année étrange. »
C’est sans doute l’une des phrases que l’on a le plus entendu en 2020. Entre confinements, déconfinements et reconfinements, pandémie, débats sur le genre masculin ou féminin d’un virus et crises en tout genre, il est évident qu’il a fallu plus d’une fois sortir de sa zone de confort.
Il s’avère que c’est justement un atout précieux pour un travailleur indépendant. Je dis souvent aux aspirants traducteurs qui me contactent qu’il faut être un véritable prestataire de services plus qu’un « simple traducteur » pour se démarquer de la concurrence. Cela peut passer par les outils maîtrisés, le réseau ou encore les solutions et prestations proposées. Quitte à sortir de sa zone de confort, donc.
Et c’est ce qui fait que l’année 2020 a été un excellent cru professionnel pour moi. Outre les « simples traductions », j’ai en effet élargi la palette de services offerts aux éditeurs. j’ai donc fait de la traduction (beaucoup), mais aussi de l’adaptation, de la rédaction, de la réécriture, de la retraduction et même de la « copie de traduction » ! On fait le tour ?
Si vous êtes ici, vous savez déjà ce qu’est la traduction. Faire passer un texte d’une langue A vers une langue B le plus fidèlement possible, avec toutes les subtilités qui en découlent. Inutile de s’attarder dessus. Parmi les ouvrages que j’ai préférés traduire cette année, citons bien sûr les Twisted Tales ou encore le tome 2 de la BD Nomen Omen. Un autre service que j’ai parfois rendu aux éditeurs (mais pas cette année) est la rédaction de fiches de lecture, ce qui consiste à lire un ouvrage afin d’indiquer à l’éditeur si oui ou non cet ouvrage mérite d’être traduit et publié en français. Et, le cas échéant, de récupérer ladite traduction.
L’adaptation, dans mon cas, consistait à réécrire un texte de langue étrangère en français, mais en modifiant plus ou moins le matériel d’origine, par exemple pour l’adapter à une tranche d’âge ou un format différent. Il faut donc choisir le bon registre, savoir condenser, élaguer voire ajouter des pans entiers. Ça a été le cas sur les livres Hachette Disney Jeunesse comme les albums Soul ou La Belle et la Bête où, à partir d’une même maquette anglaise, on peut être amené à écrire différents formats (de 8 à 96 pages selon l’âge visé). On peut aussi qualifier d’adaptation le travail sur les livres-jeux comme Le Jardin secret et L’Annuel 2021 Spider-Man, où il faut se creuser le ciboulot pour reproduire des mots fléchés ou d’autres activités.
La rédaction est suffisamment parlante. J’ai eu le plaisir de rédiger les guides du MCU consacrés à Captain Marvel et Black Widow, ainsi que la rubrique jeux vidéo du recueil d’initiatives positives Douce France. J’avais la liberté du contenu en fonctions des critères définis par l’éditeur : ligne éditoriale, nombre de pages et signes, lectorat cible. Il s’agit-là d’effectuer un vrai travail préparatoire avec des recherches, des entretiens, de l’analyse, du recueil de citations, puis de coucher les résultats par écrit. C’était pour moi une expérience nouvelle et vraiment enrichissante, qui m’a prouvé que j’étais capable de « dépasser mes fonctions » de traduction.
La réécriture est l’un des projets que je suis en train de mener et sur lequel je ne peux pas encore m’étendre. Il s’agit cette fois d’un travail unilingue : la matière existe déjà en français et mon rôle est de retravailler le texte pour l’adapter aux exigences éditoriales et lui donner du liant, mais en faisant la part des choses entre mes préférences personnelles et les choix de l’auteur pour respecter au maximum son texte.
La retraduction que j’ai faite portait sur le Twisted Tales Once Upon a Dream de Liz Braswell. Déjà traduit une première fois en français, j’ai dû le retraduire complètement, même si j’ai gardé un œil (distant) sur la première version. Si vous voulez en savoir plus sur Il Était un rêve, je vous invite à consulter le billet que j’y ai consacré.
Et la copie de traduction ? Kézako ? Quand on m’a proposé la mini-série Dear Becky dans l’univers du comics The Boys de Garth Ennis, j’ai été aussi excité qu’un gamin. Je sortais tout juste du visionnage de la série et j’étais encore dans l’ivresse de la découverte. Cependant, je n’avais pas lu l’intégralité des comics et encore moins en français. Or, je devais rester fidèle à la galerie de personnages hauts en couleur et à l’esprit de la BD initialement traduite par Alex Nikolavitch. J’ai donc fait une lecture comparée de son travail afin de reprendre ses expressions imagées et retrouver la personnalité des protagonistes. Entre un Butcher à la Audiard et La Crème façon banlieue américaine, la palette est large ! J’ai pu échanger avec Alex, et si je n’ai pas la prétention de pouvoir égaler son travail titanesque, j’espère avoir réussi à émuler son approche.
Et vous, quels services proposez-vous à vos clients pour vous démarquer ?
Bravo et chapeau pour toutes ces activités bien analysées.
Voilà de précieux conseils pour les jeunes traducteurs.
Personnellement j’ai toujours trouvé que la retraduction est un travail plus difficile que la traduction!