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Vu dans la rue #1

Marie-Edith Alouf a un « stylo rouge mental » qu’elle ne range jamais dans sa trousse. Je pense que c’est le cas de tous les traducteurs un peu consciencieux, à observer les réactions des quelque 70 courageux qui ont bravé la neige, un samedi matin qui plus est, pour aller écouter des règles typographiques obscures à l’étage d’un café parisien.

La preuve, mes poils se hérissent quand je rencontre ça au pied de mon immeuble :

Et ils le soulignent, en plus !

Du coup, j’en profite pour inaugurer une nouvelle catégorie : « Vu dans la rue ». Si vous repérez des énormités au coin de votre rue, n’hésitez pas à m’envoyer la photo : laurent@anothertranslator.eu, et je la publierai dans cette série.

Bonnes fêtes !

Des livres (traduits) pour Noël !

Décembre, c’est aussi le mois des cadeaux. Il ne reste que quelques jours avant la tournée du Grand Barbu, et si vous êtes à court d’idées, vous trouverez mes derniers travaux dans toutes les bonnes crémeries.

Pour les esthètes

Edward Hopper à New York, à l’occasion de l’exposition au Grand Palais de Paris.  Le Huffington Post a écrit sur l’expo et le livre:

En réunissant plus de 50 scènes new-yorkaises saisissantes, Avis Berman explore comment le peintre et sa ville se répondent. Avec lui elle n’est plus purement plastique : elle ouvre à la perception de la solitude qui creuse la vie de ses passantes

BERMAN Avis, Edward Hopper à New York, Soline éditions, ISBN 2-87677-512-1

Pour les mélancoliques

Les Annales d’Eelin-Ok, un conte éthéré sur la vie d’un elfe des sables, dont l’existence éphémère est liée à celle du château de sable qu’il se choisit comme demeure. Une nouvelle récompensée au Prix de la littérature spéculative de la Fondation Fountain. C’est à retrouver dans la revue semestrielle Fiction. Petit extrait :

Avant qu’un château de sable ne soit érigé sur la plage, les Twilmish ne sont qu’une notion, l’imperceptible probabilité d’une présence féerique. Sous leur forme matérielle, ils hantent les côtes des siècles durant, attendant leur heure comme une idée attend d’être imaginée. Peut-être as-tu déjà vu un petit tourbillon s’élever au-dessus de la neige, l’hiver sur la plage : c’est un signe de présence twilmishe. Ce phénomène s’explique par l’énergie qu’il puise dans la rencontre entre la terre et la mer ; attraction et répulsion créent une force circulaire, comme un chien pourchassant sa queue.

FORD Jeffrey, Les Annales d’Eelin-Ok, Fiction T15, Les Moutons Électriques, ISBN 2-36183-081-6

Pour les rêveurs

Publié pour la première fois en Italie en 1973, « Robin dei Pirati » est un album aux illustrations stimulantes, très détaillées et dans un style joyeusement rétro. Le jeune Robin parcourt les mers et croise des personnages légendaires comme Moby Dick ou le capitaine Achab. Un conte dès 6 ans. La critique du blog « Journal d’un libraire » :

Les années 70 se plaisent à une érudition aventureuse, voir psychédélique, on pense à quelques dessins animés de l’époque… La jeunesse en 70 devait se concevoir comme un opéra rock au pays des pirates et des livres d’aventures. Adulte, on pense un peu aux Monty Python où tout un tas de références culturelles trouvent un délire à leur mesure. Une ambiance hors norme et des pages à regarder sans fin. A raconter où à lire tout seul….

LIBENZI E., Robin et les Pirates, Sarbacane, ISBN 2-7532-0488-1

Pour les jeunes découvreurs
Le Grand livre de l’Univers s’adresse aux plus jeunes, dès 8 ans (la couverture dit 6 ans, mais croyez-moi, ça reste scientifique et technique par endroits). Liyah en a fait sa critique, dont voici un extrait :

Ce livre est vraiment très complet, très riche et détaillé, tout en restant clair, attractif et très agréable à lire. Toutes ces qualités ne sont pas faciles à atteindre pour des livres qui se destinent aux enfants, mais qui ont pour vocation première, de faire apprendre, et découvrir les sciences.

GOLDSMITH M., Le Grand livre de l’Univers, Rouge et Or, ISBN 2-2614-0415-8

Toujours sur L’Espace, et toujours pour les plus petits (à partir de 9 ans), je vous propose cette fois un livre plus ludique car interactif : certaines doubles pages sont en effet en réalité augmentée. Placez le livre devant une webcam et des animations se lanceront sur l’ordinateur. Amusant, fascinant et intelligent !

STOTT C., L’Espace, Nathan ISBN 2-09-254286-6

Dans la même collection en réalité augmentée, si votre petit bout cherche à comprendre comment s’articule un squelette ou à quoi sert le sang, Le Corps en action répondra à toutes ses interrogations sur le corps humain !

WALKER R., Le Corps en action, Nathan, ISBN 2-0925-3564-6

 

Décembre, l’heure des bilans

Décembre, l’heure des bilans. Que s’est-il passé pour moi en 2012 ?

Le changement majeur aura été le passage du régime d’auto-entrepreneur à celui d’entrepreneur individuel, « statut historique » des indépendants. L’activité aura été plutôt stable par rapport à 2011, quoiqu’en légère baisse en raison d’un quatrième trimestre calme.

2012, c’est :

  • 590 heures de travail sur UEFA.com
  • 160 feuillets pour Courrier International
  • 16 articles pour Men’s Health
  • 13 articles (seulement) pour le blog
  • 12 voyages et week-end hors de Paris, dont deux à l’étranger
  • 5 livres traduits dont 2 nouvelles
  • 3 après-midis de formation « Écriture, traduction, réécriture : les après-midi stylistiques de la SFT », animée par le grand Hédi Kaddour
  • 2 salons du Livre
  • 1 élection au Comité directeur de la SFT
  • 1 nouveau siège de bureau ergonomique
  • et d’innombrables heures de traduction !

Et le blog dans tout ça ? Et bien c’est lui qui a pâti de tous ces chiffres. Je réfléchis aujourd’hui à lui donner une nouvelle impulsion, une nouvelle ligne éditoriale peut-être, une nouvelle apparence, qui sait.

Après tout, depuis sa création voilà quatre ans, le paysage bloguesque s’est étoffé et de nombreux traducteurs ont rejoint la toile et font un travail admirable.

Piédestal aux pieds d’argile

Deuxième news sur le football en quelques semaines, les amateurs de sport seront comblés ! Il faut dire que je baigne dedans en ce moment avec le Championnat d’Europe de l’UEFA

D’ailleurs, certains semblent avoir les jambes qui flageolent avec tout ce sport :

Rappelons qu’il s’agit bien d’un piédestal (pluriel : piédestaux), support isolé d’une statue, d’une colonne, d’un élément décoratif ou au figuré action, situation qui donne du prestige à quelqu’un, qui le propose à l’admiration, de « pied » et « estal » (soutien, support) en passant par l’italien et le germanique.

On constate cela dit que l’erreur a rapidement été réparée… Ouf, on peut se relever sur nos deux pieds (d’estaux ?)

Rencontres de la Traduction 2012 – Impressions

Nouveau : Revivez les Rencontres de la Traduction 2012 en vidéo sur le site officiel.

Je tenais à vous livrer mes impressions sur les deuxièmes rencontres de la traduction qui se sont tenues au Salon du Livre en mars 2012 depuis belle lurette, mais j’avais accordé l’exclusivité de l’article au Bulletin des Anciens de l’ESIT. Ce qui explique ce long silence monotone… Bonne lecture !

À la mi-mars, plusieurs centaines de professionnels de la traduction et de l’édition se sont donné rendez-vous porte de Versailles pour les deuxièmes rencontres de la traduction, nouveau rendez-vous annuel en marge du Salon du livre. Pour mémoire, cet événement vise à réaffirmer l’importance de la traduction dans le processus littéraire par le biais de tables rondes. Au programme cette année, « la place du traducteur à l’ère du numérique », « la traduction de la littérature japonaise », « l’atelier du traducteur » et « la retraduction ». Parmi les intervenants, des éditeurs (Francis Geffard, Philippe Picquier), des écrivains (Claro, Khaled Osman) et bien entendu des traducteurs (André Markowicz, Corinne Atlan, Cécile Sakai). Et d’autres qui sont tout cela à la fois (René de Ceccatty, Frédéric Boyer). Le tout entrecoupé d’un buffet pris d’assaut par les redoutables et trop nombreux petits doigts traduisant.

Passons rapidement la première table ronde, loin d’avoir tenu ses promesses, les intervenants s’étant quelque peu égarés dans les aspects commerciaux, oubliant au passage l’objet même de cette journée et des sujets tels que les ebooks n’ont été que survolés. Dommage.

Copyright : M.-.C.Guyon

La seconde table ronde était bien plus intéressante, même si, comme moi, vous n’avez pas un certain tropisme envers la culture japonaise. Patrick Honnoré, spécialiste des mangas, Daniel Struve, Cécile Sakai ou encore Corinne Atlan, traductrice attitrée de Haruki Murakami, nous ont ainsi invités au voyage dans l’espace et le temps « sans payer le billet ».

Mais le clou de la journée étant sans aucun doute cet « atelier du traducteur », réunissant nos « role-models » comme disent les anglophones, à commencer par André Markowicz, qui a commencé par traduire Pouchkine à 15 ans, avant d’attaquer l’œuvre de Dostoïevski et les poésies de Tchekhov. À côté de lui se trouvait David Bellos, ce Britannique au français parfait auteur de l’excellent précis de traduction Le Poisson et le bananier. Sans oublier Khaled Osman (traducteur de l’arabe et écrivain, ainsi que Julie Sibony, passée des Harlequin aux polars. Durant 1 h 30, ces héros littéraires ont livré avec humour et passion leurs réflexions et des phrases cultes (Markowicz : « Quand on traduit, on lit avec les doigts » ; Sibony : « J’ai jamais décidé de devenir traductrice, aujourd’hui encore j’hésite »). Fascinant.

Après cela, il faut dire que l’attention s’est quelque peu relâchée pour la dernière table ronde sur les raisons et les enjeux de la retraduction. J’y aurais toutefois appris qu’outre les éventuelles motivations commerciales ou de modernisation d’un texte, la retraduction peut être « mystique » (pour retrouver une vérité perdue) ou « agnostique » (pour faire « autre » et non mieux).

Copyright : M.-.C.Guyon

Le mot de la fin est revenu à Pierre Assouline, qui n’a pas manqué de rappeler que « la situation du traducteur est la meilleure en France », comparée au reste du monde.

Mais n’oublions pas que le « vrai » événement de cette journée était le Salon du livre en lui-même, où nous avons pu jouer les piques-champagne sur les différents stands après cette longue journée de stimulation intellectuelle. Que dire sur le Salon si ce n’est que c’était l’habituel joyeux bazar, paradis du livre et de la bousculade. Un stand entier était consacré aux auteurs (avec la Sofia, la SCAM ou encore la Charte des auteurs pour la jeunesse). Notons également qu’a été signé le nouveau Code des usages pour la traduction avec l’ATLF et le Centre national du livre, résultat du travail de Pierre Assouline sur l’état des lieux de la traduction en France. Ce fut également l’occasion pour Olivier Mannoni, président sortant de l’ATLF, de présenter la nouvelle école de traduction littéraire, dont la première session expérimentale avec une quinzaine d’étudiants aura débuté au moment où vous lirez ces lignes.

Copyright : M.-.C.Guyon

Personnellement, j’ai trouvé que 2012 était un bon cru, même si je n’avais pu assister aux rencontres de la traduction l’année dernière et ne peux donc comparer. Si les tables rondes étaient de qualité inégale, nous avons tout de même eu la chance d’écouter de grands passeurs, et comme à chaque fois, de retrouver des collègues et d’échanger des cartes de visite !

Retrouvez le programme complet des rencontres de la traduction 2012.

Sorry, this entry is only available in French.

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