Les tarifs de la traduction technique

[Article mis à jour le 18  décembre 2013]

Voilà un sujet bien vaste et ambitieux : quels tarifs pour quelles traductions ? À cette question délicate, je n’apporterai pas de réponse chiffrée. Il est bien évidemment impossible de déterminer un prix unique pour une prestation intellectuelle comme la traduction. Cependant, bien que je ne sois pas « dans le circuit » depuis très longtemps, j’ai pu bénéficier de l’expérience de plusieurs traducteurs chevronnés, des conseils précieux qu’il convient donc de partager, pour que nous puissions continuer à vivre de notre métier.

Les jeunes traducteurs sont particulièrement exposés à cette question. Quel chiffre indiquer lorsqu’un client ou une agence nous demande nos tarifs au mot ou à l’heure ? Doit-on facturer au mot source ou au mot cible ? Et bien tout dépend ! Les facteurs déterminants sont nombreux : la combinaison linguistique, la nature du texte, son support, le délai, le client, la qualité de rédaction, etc.

Pour se faire une idée du marché de la traduction technique, le plus simple est encore de consulter les études menées par la Société française des traducteurs (SFT), qui publie régulièrement des documents sur les habitudes tarifaires des traducteurs. La dernière en date a été publiée en 2010 et est disponible gratuitement sur le site de la SFT. On y constate par exemple que le tarif moyen d’une traduction technique de l’anglais vers le français pour un client direct est de 0,14 € par mot source, mais peut s’élever jusqu’à 50 centimes ! On peut également voir que la traduction laotien-français est plutôt rentable, avec une moyenne de plus de 1,50 € par mot ! (Certes, pour une seule réponse, mais serait-ce la réponse à mon message du 12 décembre ?) Cette étude détaille également les habitudes de facturation, les majorations, la clientèle, les types de textes et autres pratiques professionnelles de plus de 1 000 traducteurs interrogés.

Une enquête similaire a été lancée par une agence de traduction, TradOnline. Également très intéressante, elle est disponible en suivant le lien à la fin de ce message. Pour les traducteurs littéraires, le Conseil européen des associations de traducteurs littéraires (CEATL) publie une enquête comparative sur les revenus des traducteurs en Europe.

J’en profite pour vous renvoyer vers des blogs de traducteurs expérimentés qui prodiguent de nombreux conseils à lire absolument !

Téléchargez les enquêtes sur les tarifs de la traduction :

 

9 réflexions au sujet de « Les tarifs de la traduction technique »

  1. Bonjour Laurent,

    Je suis intrigué par cette notion facturation au « mot source » ou au « mot cible ».

    N’y a t-il pas une sorte d’usage ou convention tacite dans le domaine qui fixerait ce point? D’après ce que tu sous-entends ce n’est pas le cas.

    Quels sont alors les critères de choix? J’imagine que ce doit être un point critique lors de la négociation commerciale.

    Merci pour ton éclairage!

  2. Excellents liens, j’aime bcp Naked Translations!
    Je pleure de ne pas être parti à Helsinki pour Erasmus au lieu de l’Espagne (0,31 EUR!!)

    Emma

  3. @TTT

    Il me semble que la facturation au mot source est plus fréquemment utilisée: cette méthode à l’avantage de permettre aux deux parties (client et traducteur) de connaitre exactement le nombre de mots (et donc le prix de la traduction) avant même le début du travail.

    La facturation au mot cible (ou mot traduit) peut être avantageuse selon les combinaisons linguistiques. En effet, certaines langues sont plus concises que d’autres pour exprimer la même chose. Par exemple, le français utilise environ 20% de mots de plus que l’anglais. C’est ce qu’on appelle le coefficient de foisonnement. Pour estimer le nombre de mots traduits, il faut donc ajouter ce coefficient au nombre de mots du texte à traduire.

    C’est un point intéressant que je vais tâcher d’approfondir dans un nouveau billet ces jours-ci.

  4. Merci pour ces précisions… qui m’amènent d’autres questions!

    $ La nature du texte traduit (littéraire ou doc technique par exemple) a t-il une influence significative sur ces coefficients de foisonnement?

    $ D’un point de vue strictement logique, il me semble que plus une langue est riche, plus elle est concise. (Un concept ayant de plus grandes chances de pouvoir être exprimé par un mot unique) Est-ce réellement le cas?

    Si jamais tu as le temps de nous donner quelques éléments de réponse à ce sujet dans tes prochains billets…

  5. @TTT

    Comme je l’ai dit, j’essayerai de traiter cette vaste question bientôt. Mais je peux déjà tâcher d’apporter quelques éléments de réponse (personnelle!):

    -La nature du texte influe-t-elle sur le coeff de foisonnement? Je l’ignore. J’aurais tendance à dire que les textes techniques foisonnent peut-être moins, puisque la richesse linguistique d’un domaine déterminé est par définition limité. C’est à creuser !

    -Une langue plus riche peut en effet être plus concise. Mais elle peut également utiliser plus de mots pour exprimer toutes les nuances. Le français est bien plus riche que l’anglais, pourtant très concis. On peut dire que les anglophones ont tendance à aller droit à l’essentiel. Mais est-ce parce que la langue est concise qu’ils vont à l’essentiel, ou bien l’inverse?

    J’ai peur que ce débat socio-linguistique ne soit plus de mon ressort!

  6. Bonjour Laurent,
    Merci pour ces précisions concernant la facturation du mot source ou cible. En traduction littéraire, la facturation correspond généralement au nombre de feuillets dans la langue d’arrivée auquel il faut appliquer le coefficient de foisonnement. Maintenant, savoir quel coefficient appliquer n’est pas chose facile!

    L’Association des traducteurs littéraires de France indique comment calculer le feuillet dans la langue d’arrivée:
    http://www.atlf.org/05-Petit-glossaire-du-traducteur.html

    Elle donne également un aperçu de la rémunération des traducteurs selon la langue source.
    http://www.atlf.org/Remuneration.html

  7. Merci pour ces informations précieuses. Je me permets de poser quelques questions. Je suis traductrice littéraire et n'ait pas d'expérience en matière de traduction technique. Un éditeur me propose de traduire un livre de management pour lequel il me demande mon tarif. Les tarifs sont-ils les mêmes, qu'on travaille pour une agence ou pour un éditeur ? Dans le cas d'une traduction littéraire, je signe un contrat de droits d'auteur (en général 1%) spécifiant le montant de l'avance correspondant à un tarif au feuillet de 1500 signes. Sur votre site, il est question de devis et de bon de commande. Il n'y a de droits d'auteur en traduction technique ? Même lorsqu'on travaille pour un éditeur ? En traduction littéraire, l'avance sur droits d'auteur est souvent payée en trois tiers, l'un à la signature du contrat, le deuxième à la remise et le troisième à l'acceptation de la traduction. Qu'en est-il dans le cas d'une traduction technique ?
    Merci d'avance de vos réponses !
    Anne-Lucie

  8. @Anne-Lucie : En fait, on distinque généralement la traduction littéraire (de roman, etc), la traduction d'édition (pour des ouvrages plus techniques) et la traduction technique (pour des clients très spécialisés, avec devis et factures).

    Le traducteur d'édition est donc bien entendu payé en droits d'auteurs (à condition que le donneur d'ouvrage soit affilié à l'Agessa). Dans ce cas, effectivement, les parties s'accordent sur un contrat, spécifiant le tarif au feuillet source et le montant final, avant la traduction. En ce qui me concerne, je suis payé en intégralité à la remise de la traduction.

    Pour les tarifs, tout dépend des clients, mais de manière générale, l'édition paye mieux que le littéraire, et le technique pur paye mieux que l'édition !

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